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[Chronique Album] Dolziger Str. 2, par Odezenne : bien plus qu’un OVNI

28 novembre 2015

Troisième album du groupe, Dolziger Str. 2 est plus que jamais la preuve qu’Odezenne est bien décidé à se réinventer ou tout du moins voir son style muer d’opus en opus. En 2011, OVNI, second essai des parisiano-bordelais, marquait déjà une assez nette différenciation avec son aîné. Plus avant-gardiste, plus “alternatif” vis à vis de la production française, il s’agissait à mon sens d’un des albums les plus marquants de son année. Mais si ce premier tournant pouvait déjà cliver une partie des fans et plus généralement du public, ce n’était rien comparé à ce qui nous est proposé aujourd’hui.

Si OVNI portait déjà bien son nom en aller pêcher ses influences bien au-delà des frontières du Hip Hop dit classique, ce nouvel album explose définitivement les frontières musicales. Pop, Rock, Electro, Trip-Hop,… Tout passe à la moulinette et l’impression d’évolution se voit encore renforcée par l’absence de samples jusqu’ici omniprésents dans leur discographie (il y en avait 447 sur OVNI pour l’anecdote). Les membres du groupe reconnaissent d’ailleurs sans peine que le Rap qui a bercé leur adolescence ne les intéresse plus vraiment aujourd’hui.
La couleur avait été donnée il y a quelques mois déjà avec l’apparition du titre et texte un brin provocateur : Je Veux Te Baiser. Même s’il ne figure pas sur l’album au final, le contenu de Dolziger Str. 2 en est une suite logique et cohérente. A commencer par le sulfureux single Bouche à Lèvres et son clip assez explicite de haute facture.

L’album va toutefois bien plus loin que ces beats typés électro, à mi-chemin entre pop futuriste et sons rétro que ne renieraient pas certains amateurs de French Touch. De nombreuses touches moins synthétiques apparaissent sur la majorité des titres, ce dès l’excellent morceau d’ouverture “Un Corps à Prendre”. Tout du long, les percussions gardent un côté très organique, le posé Cabriolet fait lui par exemple la part belle à quelques solos de guitare, etc… Le mélange des genres permet en tout cas au trio de renforcer son identité et marquer un peu plus son univers.
Il en est de même des textes, parfois énigmatiques (il suffit de lire les commentaires sur Youtube du clip de Bouche à Lèvres pour voir à quel point ils interpellent), ils restent dans la continuité de ce qu’ils ont proposé par le passé mais nulle doute qu’ils diviseront eux aussi, entre ceux qui voudront les décortiquer et ceux qui n’y verront qu’une sorte de prétention. Même si je ne partage pas cette impression, je peux concevoir que le côté “hipster” du groupe puisse rebuter, surtout que les lyrics contiennent globalement moins de traits d’humour qu’auparavant. J’adhère pour ma part à 100% à cette moiteur qui se dégage de l’album, parfois due à ses ambiances sensuelles (voire sexuelles), sa mélancolie ou cette petite sensation d’être parfois perdu dans le cerveau d’un mec passablement éméché en fin de soirée.

L’ensemble est d’une impeccable homogénéité et s’écoute d’une traite sans le moindre problème. Aucun des 10 titres ne me parait raté ou vraiment en-dessous des autres. Les coups de coeur sont par contre légion (Vilaine, Boubouche, Vodka, On nait On Vit On Meurt,…), mais s’il ne devait rester qu’un titre il s’agirait sans doute de Souffle Le Vent. Que dire si ce n’est qu’il m’emporte un peu plus loin à chaque écoute. Mais en fait c’est un peu le cas de tout l’album.


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