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[Chronique Cinéma] Saint-Amour, de Benoit Delépine & Gustave Kervern : un très bon cru !

7 mars 2016

Il y a des tas de raisons pour lesquelles j’ai aimé Saint-Amour. Et pour une fois, plutôt que de faire mes habituels paragraphes, je vais plutôt lister les principales :

Benoit Delépine & Gustave Kervern : le duo issu de Groland n’a de cesse de me ravir depuis son passage sur le grand écran. Depuis Aaltra jusqu’au Grand Soir (je n’ai pas encore vu Near Death Experience), leur filmographie est cohérente et réussie. S’ils n’ont pas encore eu le succès qu’ils méritent en terme d’entrée, Saint-Amour pourrait bien être leur réalisation la plus à même d’amener du monde dans les salles.

Ses trois acteurs principaux : tout le monde parle évidemment du supposé ingérable couple Depardieu / Poelvoorde. Mais s’ils sont sans surprise chacun parfait de leur rôle et que le belge semble avoir parfois effectivement été proche d’être incontrôlable, trop les mettre en avant est un peu faire injure au travail de Vincent Lacoste qui mérite également qu’on s’y attarde, trouve sa place peu à peu pour que le film se termine en un véritable trio.

ses savoureux seconds rôles : je ne vais pas tous les citer ici, parce que leur apparition est parfois l’occasion de références aux travaux passés en compagnie de Kervern et Delépine et que les personnages incarnés ont généralement des rôles taillés sur-mesure avec leur personnalité publique qu’il serait dommage de déflorer.
La plupart d’entre eux sont à l’origine de scènes qui servent autant l’évolution du trio principal, un peu à la manière de ce qui était mis en place dans Mammuth, qu’à permettre au film de garder un rythme constant et de jongler avec nos émotions.
Je citerai juste l’un des seconds rôles les moins connus : Solène Rigot, à la fois drôle et touchante dans son rôle de serveuse perdue. Très prometteuse sur ses quelques minutes d’apparition.

sa simplicité : à aucun moment il n’est ici question de faire de l’esbroufe. Le duo de metteur en scène dépouille sa mise en scène au maximum. Elle prend presque une dimension documentaire par instants, mais pour mieux mettre en valeur son propos, ses personnages et faire ressortir au maximum le naturel et la beauté des situations et régions.

son évolution constante : on pouvait craindre que Benoit Poelvoorde et Gérard Depardieu phagocytent le film et le transforment en une longue gaudriole avinée forcément drôle mais assez vaine. Il n’en est rien, et sous ce couvert, le film va finalement bien plus loin et sort assez rapidement de ce cadre porteur mais risqué, l’utilisant pour évoquer des sujets bien plus intéressants et profonds, faire passer à leur façon de petits messages sur leur façon de voir le monde, l’amour et la vie. Ce n’est pas toujours d’une finesse absolue, mais cela transpire à chaque instant la sincérité.
On rit à maintes reprises, tout en étant souvent ému et touchés par ces personnages qui ont chacun leurs défauts et écorchures plus ou moins visibles et s’avèrent bien moins caricaturaux, pour ne pas dire “grolandesques”, qu’on aurait pu le croire de prime abord.
Aussi d’un film que l’on pouvait penser avant tout potache, il se termine finalement sous une forme d’onirisme, de surréalisme inattendu mais tout à fait à propos.

sa bande originale : signée Sébastien Tellier, un de mes artistes favoris il faut l’avouer, elle résume à elle-seule toutes les qualités citées ci-dessus. Simples, sobres, belles et mélodieuses, ses compositions accompagnent idéalement ce road-movie. Puis Tellier était finalement prédestiné à composer pour Saint-Amour puisque à l’image des deux stars à l’affiche, il est lui aussi un artiste de grand talent, dont les excès en tout genre font souvent jaser mais qui est dans le même temps capable d’une formidable élégance et délicatesse. Tout un symbole finalement.


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