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Chronique : Etienne de Crécy – Super Discount 3

18 janvier 2015

Super Discount est un élément emblématique de la French Touch. Dix-huit ans se sont écoulés depuis sa première parution. A l’époque, le mouvement prenait tout juste son ampleur. Les Daft cartonnaient partout avec Homework, Laurent Garnier se faisait enfin connaître en dehors du cercle des initiés, St. Germain avait connu un grand succès avec son album… Les exemples commençaient à se multiplier mais ce n’était encore que le début d’une longue vague qui continuera, je l’espère, de déferler encore longtemps.
J’avais 13-14 ans lorsque je découvrais ce microcosme hyper-créatif, autant musicalement que visuellement. Je n’avais pas franchement une culture musicale développée et grâce à leurs sons à la fois accessibles tout en sachant être pointus j’ai commencé à m’intéresser à un milieu de l’électro qui m’attirait jusqu’alors peu. Puis ça m’a incité plus tard à développer peu à peu ma curiosité autour de la fabrication de cette musique (parallèlement au hip hop pour d’autres raisons), à chercher l’origine des samples,… Bref, tout ça pour dire qu’après Homework, Super Discount est le deuxième album made in French Touch que j’ai eu entre les mains et dans mon discman. Forcément, ça marque un peu.

Depuis 1997, le principe de Super DIscount a largement évolué. Sur le fond déjà parce que si le premier opus était une véritable compilation et le second en 2004 prenait la forme d’un album collaboratif, cette fois il s’agit plus ou moins d’un album solo d’Etienne de Crécy sur lequel il invite deux-trois amis et des artistes qui l’influencent en ce moment.
Mais aussi parce que sur Super Discount 3, si l’on retrouve bien les indéboulonnables Alex Gopher et Julien Delfaud, la part belle est donnée à des invités vocaux étrangers : Pos & Dave du groupe De La Soul, la chanteuse Kilo Kish ou encore Baxter Dury (mention spéciale pour le titre où il apparaît et qui clôt l’album… Juste parfait).
Personnellement, j’y vois une sorte de symbole d’une French Touch parfois un peu lassée d’intéresser et avoir souvent plus de reconnaissance voire succès en dehors des frontières françaises que dans son propre pays. Il suffit de voir les Daft Punk refuser de participer aux remises de prix françaises, Quentin Dupieux dont le cinéma est totalement imprégné d’une imagerie américaine, Phoenix que l’on peut quasiment considérer comme un groupe américain, Kavinsky dont le succès français provient de l’utilisation de sa musique sur la B.O. de Drive, etc… Les exemples existent à foison. Avant, le mouvement s’inspirait de l’étranger pour créer quelque chose de neuf. Désormais le mix existe au sein de la création elle-même.

Sur la forme aussi Super Discount a considérablement évolué en près de 20 ans. Les samples soul-jazzy à la Prix Choc ont laissé place à une house aux sonorités synthétiques largement plus marquées, plus en adéquation avec ce qui se fait aujourd’hui. Ça ne m’a jamais dérangé, mais ça ne plaira pas forcément à tous les fans de la première heure .

La recette a donc bien changé et pourtant le plaisir reste intact. Il manque un ou deux “sons qui tuent” pour en faire un album qui marquera son temps, mais le résultat n’en est pas moins efficace de bout en bout, aussi bien pour les club (“Cut The Trap”, “Smile”, “Hashtag My Ass”) que posé chez soi avec des amis (“Follow”, “Family”,…). Peu de fausses notes à signaler.
Et malgré tout ces changements visibles, Super Discount reste pour moi le prisme d’un courant musical. En écoutant Super Discount 3, mais là ça ne tient peut-être qu’à moi, je retrouve bien évidemment la patte d’Etienne de Crécy, sur “Love” notamment, mais aussi des bribes de sonorités/influences d’Air et Sébastien Tellier dans “Family”, de DJ Mehdi sur le titre “You”, de Mr. Oizo dans “Night (Cut The Trap)”, etc…
Sans être physiquement impliqués sur cet album, ils sont presque tous là. Et rien que pour ça, j’aime !

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Pour clore cette chronique, je poste ici le mini-documentaire paru à l’occasion de la sortie de l’album. Il retrace le parcours d’Etienne de Crécy et la genèse de Super Discount.
J’y ai appris notamment, tout un symbole, que l’équipe a pas mal bossé à leurs débuts dans la rue où j’ai grandi. Tout un symbole.


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