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Chronique : Lino – Requiem

11 janvier 2015

Très longtemps attendu, le troisième opus de Lino, membre du groupe Ärsenik qui fut l’auteur d’un des meilleurs albums de rap en France dans les années 90 (écoutez d’urgence “Quelques Gouttes Suffisent” si vous n’avez pas connu cette époque), fut précédé de quelques singles durant l’année 2014 plutôt prometteurs quand à la qualité de l’album final. On y retrouvait un ancien talentueux, avec des productions réactualisées, mais qui garde toute sa verve et une incontestable puissance dans son flow. De quoi montrer à toute la jeune garde qu’ils ont encore bien du boulot pour tenir la barque sur la longueur. Un point d’alerte toutefois sur le titre VLB paru en milieu d’année que je n’avais pas du tout aimé.

Ce constat, on le retrouve incontestablement sur l’ensemble de l’album. Lino y déverse son flow nerveux, révolté et intense sans jamais discontinuer. Même si l’on n’a pas vraiment envie d’entendre parler de “kalash” et autres coups de feu à tout bout de champ en cette période sombre, cela fait clairement son effet.
Je suis en revanche plus partagé sur d’autres points. Les productions déjà, que je trouve parfois inutilement grandiloquentes. En voulant moderniser son nom, Lino et ses producteurs en font parfois un peu trop, ce qui est d’autant plus flagrant que techniquement elles restent souvent assez cheap dans leurs sonorités. Je n’ai ainsi pas du tout accrochés aux tentatives les plus Trap de l’album. Et c’est finalement les titres aux prods les plus sobres qui me restent après quelques écoutes : 12ème Lettre, Le Flingue à Renaud, Peuple qui Danse, Ne M’appelle Plus Rappeur (sur lequel on retrouve Calbo) et Suicide Commercial.
L’autre point qui m’a un peu désorienté, ce sont certains invités. Je me serais personnellement facilement passé de Zaho ou Corneille. Probablement une caution un peu plus commerciale pour de futurs singles.

Au total, Requiem reste un album au-dessus de la mêlée dans son genre. En tout cas meilleur que beaucoup de sa concurrence actuelle. Mais il manque de finesse pour prétendre à devenir un futur classique. Quelque part, il est un peu symptomatique du hip hop hexagonal d’aujourd’hui, du moins de cette frange parce que le rap français est fort heureusement multiple.
Certes, il est normal de vouloir coller à son époque en terme de sonorités. Mais quelques gouttes auraient suffit.


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