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Critiques cinéma : Rattrapages en série ! (Ep. 1)

16 août 2017

Tous les ans c’est la même chose : on démarre l’année plein de bonnes intentions. On se dit qu’on va la rentabiliser cette fois sa carte UGC, comme au bon vieux temps où on en avait suffisamment pour voir sa centaine de films par an. Les premières semaines cela fonctionne plutôt bien, puis on rate un film, puis deux, puis les sollicitations de toute part, professionnelles ou non, nous éloignent de plus en plus des salles obscures. Sans compter qu’il y a tellement de choses à voir et écouter à notre époque qu’il est devenu impossible d’être à peu près exhaustif.
Arrive rapidement l’été où les choses se bousculent généralement un peu moins et où l’on fait un premier bilan de l’année. Et là le constat est terrible puisque l’on se rend compte de tout ce qu’on a loupé. On essaie alors de relancer une énième fois la machine.

Bref, il était bien temps de profiter du pont du 15 août, déserté par les parisiens, pour faire du “binge watching”, comme on dit maintenant. Petit passage en revue, en commençant par les films les plus récents voire encore à l’affiche.

War Of The Planet Of The Apes, réalisé par Matt Reeves

Fin d’une trilogie qui fait un peu figure d’exception dans le paysage de plus en plus aseptisé des blockbusters hollywoodiens. Même si en un sens, il s’agissait là encore d’un reboot, le traitement choisi par la production du film est bien plus intéressant et profond que la moyenne, faisant preuve d’un vrai discours global (que l’on peut dans ce troisième opus rapprocher par certains côtés de l’ère Trump d’ailleurs). Même si le récit cède ponctuellement à quelques facilités, elles se révèlent suffisamment anecdotique pour ne pas entacher le film et c’est donc avec une certaine émotion que ce dernier chapitre se termine.
Et si le fond se révèle réussi, que dire de la forme si ce n’est que rarement dans une salle de cinéma, j’ai vu des effets spéciaux aussi réalistes, au point de presque oublier leur existence. Vraiment bluffant !


Valérian et la Cité des Mille Planètes, réalisé par Luc Besson

Bien avant la mise en production du film, je faisais déjà partie des déçus de Luc Besson. Depuis Jeanne D’Arc, très ambitieux mais seulement partiellement réussi, les films qu’il a mis en scène n’arrivent pas à la cheville de ses travaux du précédent millénaire. Le point d’orgue étant peut-être Lucy, film que j’ai tout bonnement détesté. J’abordais donc forcément avec scepticisme ce nouveau film, même si la perspective de le retrouver dans le domaine de la science-fiction rappelait agréablement Le Cinquième Élément, d’ailleurs lui-même largement inspiré par Valérian à la base. Et au-delà des considérations artistiques, Besson s’est aussi servi du projet pour faire avancer certaines choses dans le paysage politique du cinéma français et il méritait donc que je lui donne sa chance.
Résultat : un film qui souffre d’à peu près tous les défauts désormais habituels de Besson, mais pour lequel je garde finalement quand même un peu de sympathie.

Grosso modo, le positif se trouve concentré dans le premier tiers du film à travers la présentation, quasi muette, de l’univers Valérian. C’est beau, riche et servi par effets spéciaux qui ne jouent pas la carte du réalisme à tout prix mais n’en sont pas moins de qualité, et cette manière d’introduire l’histoire de façon quasi muette s’avère finalement assez couillue.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Besson est bien décidé à montrer le maximum du monde de Valérian tant les éléments foisonnent de toute part jusqu’à frôler l’indigestion. Et c’est sûrement là que Besson s’est perdu, ou du moins a perdu le fil de son scénario. Si celui-ci est relativement simple et très prévisible, ii ne méritait pas non plus d’être oublié à ce point. Après 45min de film, Besson commence à multiplier les digressions, prétexte à nous faire découvrir de nouveaux pans de la Cité et à nous caler des caméos plus ou moins longs de diverses stars. A elles-seules, elle ne doivent pas être loin de représenter un second tiers du film qui ne fait progresser ni l’histoire ni les personnage.
On pourrait d’ailleurs faire un parallèle assez facile entre la scène de l’Opéra du Cinquième Élément, aussi belle qu’utile à l’histoire et à l’ambiance du film. Tandis que la scène de cabaret où l’on découvre le personnage interprété par Rihanna se résume lui à une sorte de clip promo de la chanteuse et le personnage pourrait ne pas exister que la finalité serait la même.
Tout cela implique une galerie de personnages finalement peu intéressants, du duo principal jusqu’à l’antagoniste on ne peut plus basique. Même ceux qui pouvaient en avoir l’occasion n’évoluent pas d’un iota. Un beau gâchis !

Reste qu’on ne s’ennuie pas, que le film recèle quand même de quelques bonnes idées de ci de là, comme la scène du marché, que l’ensemble parait moins aseptisé que bien des productions américaines de la même catégorie, et malgré ses nombreux défauts, je ne pense pas que le film mérite le lynchage qu’il a pu connaître depuis sa sortie.
C’est juste dommage que Besson, sûrement trop heureux de pouvoir enfin réaliser cette adaptation, s’est lui-même laisser bouffer par le gigantisme du matériel de base.


Okja, réalisé par Bong Joon-ho

Je n’ai pas énormément de choses à dire sur Okja. J’ai aimé le film globalement, même si je lui préfère The Host, Mother ou encore Memories Of Murder du même réalisateur. Le film sait très bien jouer avec nos émotions et être tour à tour drôle, décalé, énervant, triste ou émouvant. Pas grand chose à redire non plus sur la mise en scène qui contient son lot de moments de bravoure comme la poursuite dans la galerie marchande. Le côté très caricatural des personnages peut déplaire mais colle malgré tout à la volonté de nous présenter ça sous la forme d’un conte. Plein de bonnes choses donc.
Pourtant il m’a manqué un petit quelque chose, ce petit truc qui transforme un bon film en quelque chose de réellement marquant. Je ne saurais dire ici précisément de quoi il s’agit, peut-être un léger manque de subtilité dans la façon d’amener son propos.

Toujours est-il que tout détenteur d’un abonnement chez Netflix se doit de voir ce film. Il le mérite (bien que personnellement j’aurais préféré le découvrir en salle… Mais c’est un autre débat).


Spider-Man : Homecoming, réalisé par Jon Watts

Le Marvel Cinematic Universe, à chaque sortie c’est désormais pareil : on est teasé pendant des mois sur un film dont on sait pertinemment qu’il sera décevant, divertissant sur le moment mais sans réelle ambition artistique et oublié aussi vite qu’on l’a regardé. Et pourtant à chaque fois je finis par y retourner, faisant le jeu d’un système qui a pourtant le don de m’énerver.
Ce second reboot de Spider-Man est un modèle du genre. Je l’ai vu il y a un mois, la moitié du film a déjà quitté ma mémoire, mais je ne peux pas dire que j’ai passé un mauvais moment devant non plus. C’était pareil pour la suite des Gardiens de la Galaxie quelques semaines plus tôt. Ce sera sûrement pareil pour Thor Ragnarok en octobre. Mais il ne fait guère de doute que je serai une fois encore au rendez-vous…


Dunkerque, réalisé par Christophe Nolan

En quelques films, Christopher Nolan a acquis une liberté à Hollywood que bien des réalisateurs sur place doivent lui envier. Il est peut-être même le seul à l’heure actuelle, si l’on excepte les plus âgés Spielberg et cie, à qui l’on peut donner un énorme budget sans qu’il soit bridé dans son travail ou son montage.
En résulte des films un peu hybrides entre le blockbuster à grand spectacle et un côté auteur qu’on ne peut pas nier chez lui. Si on lui reproche souvent un côté froid dans sa réalisation, ce qui ne va sûrement pas s’arranger avec Dunkerque, on ne peut nier qu’aujourd’hui on reconnait ses réalisations entre 1000. Il y a un style Nolan, autant sur le fond que sur la forme et son incursion dans le film de guerre s’y inscrit pleinement.
On y retrouve sa volonté de présenter les choses de la façon la plus réaliste possible, certes un peu biaisé ici par le fait que le film ne soit pas “PG-13” et donc expurgé d’une violence trop graphique. Son obsession pour le Temps est bien présente à travers le découpage du récit en trois points de vue sur des unités de temps différentes. Peut-être déroutant pour certains spectateurs d’ailleurs dans la mesure où le montage alterne sans cesse entre les trois, mais quand on est habitué au travail de Nolan, c’est finalement plus simple à suivre que certains de ses précédents films.

J’ai beaucoup aimé Dunkerque, peut-être bien parti pour figurer dans mon Top 10 en fin d’année. Mais je reconnais aisément que le parti-pris choisi sera clivant.
Si l’on suit de près plusieurs personnages, on ne sait pour ainsi dire rien d’eux et le film ne nous en apprendra guère plus parce que la volonté est ici clairement de nous dépeindre l’horreur vécue par une armée dans sa globalité. Les personnages mis en avant ne sont ici que des archétypes représentatifs d’un ensemble plus grand et il y a donc donc une réelle volonté de ne pas trop les personnifier. Je conçois donc que certains puissent manquer de points d’accrochage pour vraiment se projeter dans le récit. Mais pour ma part, j’ai été saisi sur mon siège de la première à la dernière seconde, et bien aidé par la partition de Hanz Zimmer en forme de compte-à-rebours.
Pas le plus grand Nolan (Le Prestige reste à ce jour le meilleur pour moi), mais malgré tout une oeuvre majeure de cette année.


Dans la seconde partie à venir plus tard dans la semaine j’évoquerai notamment l’excellent Baby Driver, le succès coréen Tunnel, l’hyper-connecté The Circle, l’inattendu Patients et le sanglant Grave.


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