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Marathon Star Wars pré-épisode VII, Chapitre I : La Menace Mercantile

7 décembre 2015

A 10 jours de la sortie de l’épisode VII en France, me voici lancé dans un énième marathon Star Wars. Non pas donc que j’aie besoin de me remémorer quoique ce soit avant de le visionner, mais il s’agit là d’une simple envie de me remettre dans l’ambiance avant le moment tant attendu. Aussi fatidique que l’était ce jour de l’an 1999 où je récupérais une VHS piratée contenant un format “screener” absolument dégueulasse dans lequel on ne devait distinguer qu’un quart du film à peu près correctement. Mais l’attente entre la sortie américaine et française était bien trop longue à une époque où Internet commençait déjà à accélérer les choses, quand bien même l’heure du Divx n’avait pas tout à fait sonné.
Si je me suis probablement gâché une partie du plaisir de la découverte en salles, je n’en étais pas moins parmi les premiers lors de la véritable sortie française à m’installer dans l’une d’elles pour ce premier épisode d’une prélogie attendue tant d’années. Et si je ne suis né que l’année de la sortie du Retour du Jedi, je n’en ai pas moins été élevé à la sauce Star Wars et les Editions Spéciales de 1997 avaient habilement su remettre nous remettre en appêtit (ah cette scène du Grand Rex sur laquelle se mouvait R2 à côté d’un X-Wing, cette statue arborant le costume de Darth Vader,…).

Comme pour beaucoup, il y eut une part de déception à l’époque, même si elle n’entacha en rien ma passion pour la saga et mon envie de découvrir les deux épisodes alors à venir. Et plus de 15 ans après ça, et si La Menace Fantôme contient toujours ses défauts, je trouve que le film n’en reste pas moins dans le haut du panier de ce que les blockbusters ont produit à Hollywood depuis.

Découpé en deux parties, il s’attarde d’abord sur la découverte du jeune Anakin Skywalker et ce qui l’amènera à entamer son initiation Jedi. Et c’est probablement ici que les choix de George Lucas peinent le plus à passer auprès des fans et du public. Anakin, personnage central de cette prélogie, est alors âgé de 6 ans. Et si le film conserve son sous-texte politique habituel, Lucas fait ici le choix de privilégier le côté enfantin de son récit. Pas si simple lorsque l’on connaît la destinée de ce protagoniste. Ce jeunisme n’est pas nouveau dans Star Wars, et en partie dûe à des raisons mercantiles (Le Retour du Jedi donnait déjà la part belle aux personnages du même accabit), mais l’idée est ici poussée à son paroxysme. L’impressionnante course de Pods qui n’a pas pris une ride et les numériques Gungans en sont les principaux exemple. L’inénarrable Jar-Jar Binks cristallise logiquement l’ensemble des critiques. Ne servant que très peu l’histoire, il n’est ici en fil rouge que pour faire rire les gamins. Le problème étant que, là où Wicket restait une boule de poil plutôt attachante parmi les Ewoks de l’épisode VI, ce nouvel arrivant est juste lourd et pas drôle. Son seul attrait reste la prouesse technique de sa conception pour l’époque.

Dans sa seconde moitié, le film délaisse quelque peu Anakin dont le sort est plus ou moins joué pour se concentrer sur les thématiques un peu plus matures de la saga. Et il y gagne d’emblée en qualité et efficacité. Si la bataille Gungans vs. Droïdes contient des séquelles du démarrage et ne s’avère du coup pas suffisamment épique pour emballer, le reste s’avère largement plus passionnant à suivre, que ce soit dans les scènes mettant en place le fond de la saga, que les combats assez prenants. Sans surprise, la palme revient à la lutte opposant Qui-Gon Jinn et Obi-Wan Kenobi au charismatique Darth Maul, un des personnages malheureusement les plus sous-exploités de la saga. Sacrifié par le ton de la première partie, on ne doit se contenter que de son look et son style de combat alors bien original pour la saga. Quelque part, on peut dire qu’il dénote avec le reste du film et quand on connait la suite, il aurait peut-être été judicieux de le conserver un épisode de plus. Mais je ne vais pas refaire l’histoire. Toujours est-il que cette scène, soutenue par l’instantanément mythique thème musical “Duel Of The Fates”, figure, pour moi, parmi les meilleurs combats de la saga entière.

Techniquement, on a beaucoup reproché au film d’avoir cédé aux sirènes du numérique, ce qui n’est qu’en partie vrai puisque l’utilisation de maquettes était, sur cet épisode du moins, bien plus conséquent qu’il ne pouvait paraître. Le gigantesque champ de bataille est à ce titre le plus parlant : d’un côté les personnages vivants souffrent clairement d’un manque de réalisme en terme d’animation. Il essuie un peu les pots cassés pour ceux qui suivront les années précédentes, même si globalement encore aujourd’hui leur résultat est suffisamment probant pour que l’on puisse y croire. Dans l’autre camp par contre, les droïdes et vaisseaux n’ont quasiment pas pris une ride et il en est de même pour les plans spatiaux. Et leur modélisation représente quand même une bonne part du film.

Côté casting, deux personnages sortent assez clairement du lot dans cet épisode : Liam Neeson interprète un Qui-Gon Jinn que j’ai toujours eu envie de revoir (pourquoi pas dans un potentiel spin-off expliquant plus en détail ce qui a amené son caractère un peu à part au sein de l’Ordre Jedi ?) et Natalie Portman qui possède ici un rôle foncièrement plus intéressant que dans les deux suivants. Ewan McGregor attire déjà un peu l’empathie envers son personnage, mais reste tout de même encore en retrait comparé aux épisodes suivants. Le jeune Jake Lloyd se démène, ne s’en sort pas trop mal, mais dans le genre “enfant-star” d’Hollywood on a vu largement plus convaincant. Logique avec le recul que ce rôle étouffant ait annihilé une carrière potentielle. Il n’avait pas le talent suffisant pour s’en départir. Quand à Ian Mc Diarmid, qui campe un perso dont l’avenir est plus que subodoré tout du long, la prélogie laissant tout de même peu de place au suspens même pour les non-initiés, sa prestation est moins marquante que dans l’épisode III, mais il tient déjà bien son rôle de politicien un peu trop mielleux pour être honnête.

La déception que j’ai pu connaitre lors de mon premier visionnage de l’épisode s’est donc finalement progressivement estompée avec le temps. Sans pour autant nier certains défauts évidents ou choix discutables voire dommageables, comme cette idée à la con de vouloir donner un début d’explication scientifique à la Force, j’ai appris à aimer cet épisode. Il ne figure d’ailleurs clairement pas dans le trio de tête, mais garde pour moi largement sa place dans la saga. Je pense même que ce n’est pas celui qui est amené à le plus mal vieillir en fait, mais j’y reviendrai dans les critiques suivantes.

On vit aujourd’hui sensiblement le même engouement et la même impatience qu’en 1999. Il est encore impossible de dire, à quelques jours de la sortie de l’épisode VII, si le résultat sera cette fois un peu à la hauteur de l’attente. Mais il est quand même intéressant de noter que cette Prélogie débutée ici et souvent tant décriée, aurait pu porter le coup de grâce et clore définitivement les chapitres Star Wars. Il n’en est visiblement rien. Certains diront que c’est uniquement la “Force” du marketing, et c’est probablement une partie de la vérité. Mais il n’y a pas que ça. Star Wars dégage quelque chose de réellement à part. Son univers, inspiré par bien des œuvres, ne repose malgré tout pas sur l’adaptation d’un autre matériel. C’est ce qui je pense fait sa grande force, le rend quasi infini et inimitable. Il y aura sans doute encore des ratés ou pseudo-ratés pendant cette nouvelle ère Disney, le moins possible j’espère, mais le mythe sera dans tous les cas difficile à faire tomber !


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