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Top Albums 2016

8 janvier 2017

Après la version cinéma, place à ce que je considère comme mon best of musical de l’année 2016.
Au moment où j’écris ces lignes, j’ai écouté la bagatelle de 285 albums, mixtapes et EPs sortis dans le courant de l’année. Beaucoup certes, mais finalement moins qu’en 2015 où j’avais dépassé la moyenne d’une sortie par jour.

Comme précédemment, je vais démarrer par quelques albums qui ne figureront pas dans la liste de 10 mais méritent quelques mots.

Noname – Telefone : Une belle surprise sortie d’un peu nulle part sortie en plein milieu de l’été. Native de Chicago, ville à forte teneur en grands espoirs musicaux ces derniers temps, elle nous aura offert une mixtape de Soul-RnB de grande qualité, sur laquelle on retrouve nombre d’invités tout aussi bourrés de talent comme Raury, Ravyn Lenae, Smino ou Saba. Sans y être concrètement présent, l’ombre de Chance The Rapper plane clairement sur l’ensemble. On attend la suite !

Radiohead – A Moon Shaped Pool : Inutile de s’éterniser ici. Tout le monde connaît le groupe et la qualité de leurs albums. Apparu un peu par surprise (ce qui est presque devenu une norme finalement aujourd’hui), celui-ci est loin d’avoir déçu et figure d’ailleurs dans la plupart des tops des médias musicaux les plus connus.

Lucio Bukowski & Oster Lapwass – Oderunt Poetas : Quasi jusqu’à la fin de l’année, cet album figurait dans mon Top 10 mais se fait finalement voler la politesse dans la dernière ligne droite. Comme toujours, Lucio Bukowski s’est montré hyperactif en 2016, sans jamais sacrifier la qualité. Son autre album Hourvari aurait mérité aussi qu’on s’y attarde, mais je garde une préférence pour sa collaboration avec le très en vogue beatmaker Oster Lapwass. A écouter d’urgence.

Las Aves – Die in Shanghai : Voilà un groupe français (né des cendres de The Dodoz) qui n’aurait à priori peut-être jamais dû m’intéresser à la base tant il est éloigné de ce que j’écoute au quotidien mais a su attiser ma curiosité en 2015 via le titre Gasoline, découvert totalement par hasard une nuit où j’étais souffrant et n’arrivait pas à dormir. Je craignais alors qu’il s’agisse d’un “one shot”, même si l’EP lié m’avait bien plu. Finalement, je me suis rapidement retrouvé conquis par ce premier album sorti cet année, que j’écoute encore plus que régulièrement quelques mois après sa sortie. Ils ont ce don pour apporter ce petit truc à leur Pop-Rock teintée d’électro qui te met un morceau en tête et te donne envie de l’écouter inlassablement. Sans compter que leurs inspirations pop, peu habituelles en France, ont le don pour me séduire. Je pense par exemple à certaines sonorités qui paraissent tout droit sorties de l’univers de Santigold.
Et si l’album peut paraître un peu court, il n’en est pas moins riche, varié et forme un sans faute, la présence de Dan Levy (moitié de The Dø) à la production n’y étant certainement pas étranger. Je ne doute pas qu’ils se feront peu à peu connaître d’un plus grand public et ce sera mérité, d’autant qu’ils se révèlent très doués sur scène également.

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Un mot rapide aussi sur deux bandes originales de films qui m’ont marqué cette année (liés à deux films retrouvables d’ailleurs dans mon best of cinéma 2016) :

Cliff Martinez – The Neon Demon O.S.T. : fidèle de Nicolas Winding Refn depuis Drive, Cliff Martinez nous donne ici une des meilleures partitions de sa carrière, collant parfaitement à l’univers visuel du metteur en scène et retranscrivant à merveille l’ambiance si particulière qui s’en dégage.

Sébastien Tellier – Marie et les Naufragés O.S.T. : le genre de bande originale qui devient en un visionnage indissociable de l’oeuvre qui lui est associée. Ces compositions prennent tant d’importance dans le film que Tellier s’en trouve même plus ou moins personnifié en tant que personnage dans le récit.

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Place donc au Top 10, qui paradoxalement fait la part belle au Hip Hop alors que j’ai la sensation de moins en moins m’y retrouver au fil des années et tendances ces dernières années.

10. Run The Jewels – Run The Jewels 3

On pouvait penser il y a 3 ans que le duo formé par Killer Mike et El-P serait éphémère. Mais la réussite et le succès furent tels qu’on arrive déjà à leur troisième opus, sorti sans prévenir le jour de Noël.
Comme d’habitude, la qualité est au rendez-vous. Toujours aussi en avance sur leur temps, le résultat est peut-être encore un peu frais dans mon esprit pour l’évaluer avec le recul nécessaire mais il est clairement encore au-dessus de la mêlée.

9. HUNTR – HUNTR

J’ai déjà assez longuement évoqué le travail de Gilbere Forte, Raak et leur nouveau projet HUNTR dans le courant de l’année.
Après avoir longtemps attendu le résultat, la satisfaction fut heureusement largement au rendez-vous avec un album qui transporte le temps de quelques dizaines de minutes dans un autre monde, aussi planant que parfois inquiétant. Un mix réussi et pourtant souvent casse-gueule de Rock et de Hip-Hop qui ne plaira peut-être pas à toutes les oreilles, mais qui m’a en tout cas conquis et que j’écouterai encore longtemps à l’avenir.

8. Frank Ocean – Blonde

L’arlésienne de ces dernières années n’aura pas manqué de faire du bruit à sa sortie, tout en réussisant à ne pas décevoir ses nombreux fans. Un album dont il est finalement difficile de parler mais qui provoque des tas d’émotion à qui veut bien se laisser porter.

7. Lido – Everything

Ma plus belle découverte et mon plus gros coup de cœur de l’année 2016 provient de Norvège, même s’il passe désormais le plus clair de son temps aux Etats-Unis. Je ne veux pas trop en dire ici parce que je lui réserve un de mes prochains articles, mais ce type sait juste tout faire et va nécessairement exploser dans les mois ou années à venir sur la scène internationale. Après s’être fait repérer durant le premier semestre en mixant le dernier album de Kanye West avec un talent fou, il a séduit en tant que producteur en étant aux manettes sur deux titres de l’album de Chance The Rapper cité un peu plus bas dans cet article avant de sortir en catimini son propre album dans lequel se trouvent quelques morceaux incroyablement entêtants comme Dye et Murder.
Certes, tout n’est pas encore parfait parmi les 11 morceaux qui le composent et certains titres peuvent paraître encore un peu mièvres aux entournures, mais les meilleurs d’entre eux ont tellement bercé mon année musicale et sa maîtrise technique et vocale est telle pour son âge que je n’ai pas d’autre choix que de le mettre à cette place. Nul doute qu’il continuera sa montée en puissance en 2017.

6. Chance The Rapper – Coloring Book

Des années que je suis de près la carrière de Chance qui a longtemps été pour moi le plus grand mais aussi le plus intéressant espoir du Hip Hop U.S. Avec son style atypique, n’hésitant jamais à exploser les barrières des genres, il avait tout pour plaire à un public varié. Et je suis donc heureux de voir aujourd’hui Coloring Book prendre la forme d’une consécration lui permettant d’atteindre aujourd’hui enfin la notoriété qu’il mérite.
Et au-delà de la qualité intrinsèque de sa mixtape, sa façon de distribuer ses travaux me parait aussi très importante pour le futur de l’industrie du disque. Chance ne conçoit en effet pas ses albums comme des objets nécessairement payants et les a toujours mis en libre téléchargement sur divers plateformes dédiées. Evidemment cette pratique n’est pas nouvelle en soi : des mixtapes gratuites il en sort des tas chaque jour. Mais pas avec ce degré de qualité digne d’albums studios issus de grandes maisons de disque et surtout pas avec ce succès qui lui permet aujourd’hui de remplir de grandes salles un peu partout dans le monde. La transformation va même jusqu’à lui permettre aujourd’hui de figurer parmi les nommés (et favoris) des prochains Grammy Awards alors que ce mode de distribution l’en empêchait encore il y a quelques mois. En bref, un album qui fera date pour plein de raisons.

5. David Bowie – Black Star

Sa présence dans ce Top peut évidemment paraître liée à la disparition d’un des plus grands artistes de notre époque. Mais en réalité pas vraiment ou du moins pas seulement. Au moment de sa disparition, je tournais déjà en boucle depuis quelques jours sur cet album (sorti officiellement 2 jours avant sa mort) et était tout bonnement fasciné par sa modernité et sa puissance. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance parce que si j’ai toujours aimé Bowie, j’avais très moyennement adhéré à The Next Day. Il est si rare qu’un artiste parvienne à traverser les âges, à se réinventer constamment qu’il serait injuste de ne pas le mettre ici.

4. Danny Brown – Atrocity Exhibition

Danny Brown est unique non seulement dans l’industrie Rap mais plus généralement dans la musique d’aujourd’hui. Autant par sa voix inimitable (et parfois irritante pour certains je le conçois) que par l’utilisation de productions syncopées qui confèrent une ambiance à chaque fois plus psychédélique et dérangeante à ses albums. Son arrivée dans le giron du label Warp pour ce troisième opus est en ce sens sans doute la meilleure chose qui pouvait lui arriver tant elle lui permet de se lâcher à tous les niveaux. On se trouve ainsi face à un ensemble très sombre, évoquant et retranscrivant les addictions du natif de Detroit mais aussi ses penchants dépressifs qui en découlent. Clairement pas l’album le plus facile d’accès de cette liste, ni celui que l’on peut écouter le plus régulièrement, mais il mérite sa place dans le Top 5.

3. Donald Glover (aka. Childish Gambino) – Awaken My Love

2016 fut clairement l’année de l’explosion de Donald Glover entre ce nouvel album encensé par la critique et le public, la qualité de la série Atlanta pour laquelle il agit en tant que créateur, réalisateur, scénariste et acteur (rien que ça !) mais aussi son apparition dans le casting du prochain spin-off de Star Wars pour lequel il reprendra le rôle de Lando Calrissian.
Cette mise en avant soudaine n’était pourtant pas gagnée d’avance tant Donald Glover prend un malin plaisir à prendre ses fans à contre-pieds. Preuve en est de cet album où il délaisse totalement son phrasé rap pour partir dans un trip Soul, Funk et Rock jubilatoire, triturant sa voix au point d’être par moment méconnaissable. A l’écoute, on pense immanquablement à Prince, Tame Impala ou Funkadelic mais Gambino va au-delà de ces inspirations pour construire une oeuvre qu’on ne saurait figer dans le temps. Bonne chance à lui pour faire mieux la prochaine fois !

2. Arm & Tepr – Psaumes

A l’heure où je me reconnais de moins en moins dans les tendances du rap hexagonal, cet album mêlant habilement Rap d’antan et sonorités plus modernes (voire je l’espère précurseurs dans le milieu), fait figure de quasi exception. Et si l’association du rappeur de -feu- Psykick Lyrikah et d’un des meilleurs producteur Hip-Hop et Electro français avait déjà tout pour séduire sur le papier (les deux hommes ayant déjà travaillé ensemble par le passé), elle est allée au-delà de mes espérances et j’ai écouté l’ensemble des morceaux sans discontinuer pendant de nombreuses semaines après sa sortie. Un grand album du genre tout simplement duquel je pourrais passer en boucle à l’infini un paquet de titres dont La Nuit ou Chaque Soir.
Quelque part, le duo me fait penser à un Run The Jewels à la française, venant sans coup férir dynamiter les productions actuelles, lui apporter un tas de choses nouvelles sans jamais sacrifier la qualité des lyrics. Certes le succès commercial n’est pas le même, mais l’important est de voir cet album exister et, je l’espère, faire des émules dans les mois à venir.

1. A Tribe Called Quest – We Got It From Here… Thank You 4 Your Service

Considéré, à juste titre, comme l’un des plus grands groupes de l’histoire du Rap mondial, A Tribe Called Quest était resté muet, en tant que groupe, depuis leur séparation il y a 18 ans déjà. Poussé par l’attente indéfectible de leurs fans et sans doute un peu précipité par la disparition de Phife Dawg (qui a toutefois eu le temps de participer à l’enregistrement), le groupe s’est finalement reformé pour sortir ce qui restera pour moi de loin le meilleur album du genre cette année. 16 titres, divisés en 2 CD, à la fois respectueux du Hip Hop qui a bercé ma jeunesse tout en y apportant une forte dose de modernité conférant à l’ensemble l’agréable sensation d’écouter quelque chose d’encore jamais entendu et qui nécessite de ce fait parfois plusieurs écoutes avant d’être totalement appréhendé.
Non content du travail déjà exceptionnel fourni à la production et au micro par Q-Tip et ses compères, le groupe s’est adjoint pour l’occasion l’apparition de la crème de la crème. Je cite pêle-mêle : André 3000, Kendrick Lamar, Elton John, Kanye West, Jack White, Busta Rhymes, Anderson .Paak ou encore Talib Kweli. Et autant dire que tous apparaissent au meilleur de leur forme ! Que dire de plus après ça ?
Tout amateur de Hip Hop se doit d’écouter cet album qui sonne très certainement comme des Adieux.


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