Chronique : Lupe Fiasco – Tetsuo & Youth
17 janvier 2015
Pourtant tout a volé en éclat avec son troisième essai « Lasers », que le rappeur reniait en partie avant même sa sortie. Se disant forcé par sa maison de disque, se plaignant de ne même pas connaître certains producteurs apparaissant sur l’album… Evidemment, l’album est un échec artistique mais pas forcément commercial puisqu’il fut numéro 1 la semaine de sa sortie.
Un an plus tard, toujours chez Atlantic Records malgré le conflit qui les a opposé sur le précédent album, Lupe Fiasco sort « Food & Liquor 2 » avec sa pochette monochrome noir. On y retrouve en partie ce qui faisait la force du natif de Chicago et il sonne comme une petite bouffée d’air frais, sans toutefois encore parvenir à égaler ses meilleurs prestations.
Après quelques apparitions plus ou moins abouties (plutôt moins à mon goût) depuis deux ans, voici donc aujourd’hui le 5ème opus de Lupe Fiasco : Tetsuo & Youth.
Une petite intro instrumentale et il débute avec un premier morceau de bravoure. Le titre Mural dure près de 9 minutes durant lesquels l’artiste développe un flow et un texte irréprochable. Le tout sur une instru surpuissante. Ça commence très fort. Et des titres comme celui-là, à la durée inhabituelle, l’ambition débordante et loin du formatage de « Lasers », il en disséminera d’autres pendant l’album : « Prisoner 1 & 2 » qui est l’un des sons que je préfère également, et « Chopper » sur lequel apparaissent 6 invités dont Trae Tha Truth. On retrouve par ailleurs sur l’album l’excellent Ab-Soul et de belles retrouvailles avec Nikki Jean, présente à l’époque de « The Cool » sur le titre magique « Hip Hop Saved My Life ». Les 3 titres sur lesquelles elle est présente n’égalent pas celui de 2008, mais ils sont tout de même bons voire très bons.
Côté production, l’album est un peu coupé en deux parties. La première, débutant par l’intro « Summer » est la plus organique, souvent avec S1 aux manettes, co-producteur de Power de Kanye West par exemple ou de Bad Guy l’un des meilleurs titres du dernier album solo d’Eminem. Après l’interlude « Winter » la part belle est plutôt donnée à DJ Dahi et son style plus empreint de boites à rythmes.
Dans tous les cas, les beats et mélodies sont très travaillées, quasi toutes réussies. J’ai toutefois une petite préférence pour l’ambiance de la première moitié de l’album.
Visiblement plus libre dans ses choix désormais, Lupe ne cherche jamais la facilité et son album est empli de parti pris forts (qui l’empêcheront probablement d’être un succès commercial par contre). On sent qu’il se fait plaisir avec des productions sur-mesure pour sa très bonne technique et des invités présents pas uniquement parce qu’ils sont bankables. L’ensemble est cohérent, varié, de bonne qualité de bout en bout et avec des pointes d’excellence.
L’avenir dira si Tetsuo & Youth vieillit aussi bien que ses plus anciens prédécesseurs, mais les premières écoutes sont franchement positives. Ceux qui le suivent depuis le début devraient apprécier. Moi j’ai en tout cas totalement retrouvé le Lupe que j’aime !