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[Critique Album] Compton : A Soundtrack de Dr. Dre – The Last Episode ?

8 août 2015

Seize ans après son “2001” qui aura marqué toute ma génération et après m’être résigné depuis longtemps à l’idée de voir le fameux Detox paraître un jour, Dr. Dre nous prend finalement par surprise avec la sortie de ce Compton, inspiré par son quartier mythique dans le Hip Hop et aussi forcément un peu guidé par de l’opportunisme vis à vis de la sortie du film Straight Outta Compton qui évoquera une partie de la vie de Dre au sein de N.W.A.. Sans doute aussi qu’il a un peu plus de temps à consacrer à la musique après la vente de sa marque Beats à Apple, même s’il reste impliqué dans le processus.
Toujours est-il qu’après tant d’années d’absence, j’étais partagé entre excitation et crainte après l’annonce. Et plus la sortie approchait, plus le pessimisme était de mise, c’est donc fébrile que je lançais la première écoute.

Après sa courte introduction, Compton démarre par deux titres qui annoncent clairement la couleur : il n’est pas question ici de faire un simple revival du son d’il y a 15 ans. Talk About It et Genocide sont résolument des titres “modernes”, plutôt bons au demeurant, mais qui rebuteront forcément les plus puristes d’entre nous.

Une fois ces bases posées, Dre distille quand même ça et là, nombre de touches de ce qui a fait son succès dans le passé. Par exemple It’s All On Me fleure bon le G-Funk d’antan et il ne manque que le regretté Nate Dogg pour en faire un hit. On peut citer aussi Talking To My Diary qui clôt l’album plutôt en beauté avec une prod qui aurait sa place dans n’importe quel bon CD de la fin des années 90.
Et il y a au milieu ces titres qui mixent parfaitement les deux époques, à commencer par, selon moi, la meilleure piste de l’album : Darkside/Gone qui démarre avec des sonorités très actuelles avec son autotune et son beat synthétique mais vire dans sa deuxième partie dans du Dre très old-school. Ces quelques notes de piano, marque de fabrique du patron, font indéniablement leur effet ! Les deux dernières minutes représentent à peu près tout ce que j’aime chez Dr. Dre, avec en bonus un Kendrick Lamar une fois de plus au top de sa forme.

Ce qui m’amène à évoquer les featurings de l’album. Comme toujours nombreux, ce qui n’est pas un mal ici vu que Dre n’a jamais été un grand rappeur et le sait parfaitement, ils font la part belle à une nouvelle génération, évidemment emmenée donc par le “butterfly” du moment, qui montre une fois encore et si tant est qu’il était besoin de le répéter, qu’il règne sur Compton aujourd’hui et même bien au-delà. Parmi les nouvelles têtes, Anderson .Paak est sûrement celui qui ressort grandi et montre le plus de promesses pour le futur.
Dre n’oublie toutefois pas de convier sa garde rapprochée : Ice Cube et Xzibit viennent faire des coucou assez remarqués dans deux bons titres. Je suis moins conquis par le titre sur lequel Snoop pose et dirais même que c’est le titre le moins réussi de l’album après 5 ou 6 écoutes complètes. Bien évidemment, il fallait aussi qu’Eminem soit présent. Et force est de constater que Dre reste le meilleur pour lui sortir des beats à sa convenance et le résultat est bien au-dessus du fameux “I Need A Doctor” qui avait nourri les critiques autour de Detox en son temps. Je rêve désormais qu’ils refassent un album ensemble (quand bien même Dre restait toujours officiellement “producteur exécutif” sur les derniers, ce n’est plus pareil)… Même si pour contrebalancer un peu, le rappeur de Detroit ne sort clairement pas une performance marquante sur son (long) couplet.
Plutôt un bilan positif donc.

J’avais peur avant écoute de me trouver face à un producteur rouillé et d’écouter une vulgaire mixtape de luxe. Il n’en est finalement rien. Certes, Compton ne contient pas de gros banger qui fera péter les charts du monde entier et n’égale pas ses (probablement indétrônables) aînés, mais le Docteur a su actualiser son style, montrer que la banlieue de L.A. a encore bien des choses à apporter au Rap et surtout conservé le perfectionnisme qui le caractérise. Qu’on soit sensible ou non à ces nouvelles productions, elles restent toutes très travaillées, contenant de nombreuses variations selon la personne qui pose dessus et un effort notable d’ajouter de la profondeur dans les sons (au sens spatial). Sans oublier les habituelles intro et outro qui rappellent la grande époque d’Aftermath. Celle de Loose Cannons est particulièrement morbide et savoureuse.
Un plaisir de s’attarder sur les prods pour peu qu’on ait le casque / les écouteurs pour en profiter pleinement (pas des Beats donc :) ).

Reste désormais à savoir si ce sera réellement le dernier opus de Dre ou non. On peut considérer le chapitre Detox définitivement clos et ce n’est sûrement pas plus mal, les arlésiennes accouchant rarement d’aboutissement à la hauteur. Mais à voir la verve qui est encore mise ici, il serait dommage de tout ranger dans les placards et de stopper là, ne serait-ce qu’en tant que producteur où il a encore bien du talent à revendre.


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