[Critiques en Vrac] The Revenant, Anomalisa, Creed
3 mars 2016
The Revenant, réalisé par Alejandro González Inárritu
Une des œuvres les plus attendues de l’année. Et elle le mérite finalement bien. Incroyable visuellement, avec cette photo fabuleuse et ces plans de haute volée qui jalonnent l’ensemble du film. The Revenant ne fera sans doute pas l’unanimité pourtant. Certaines trouveront le temps long devant tant de contemplation, d’autres estimeront qu’Inárritu fait de l’esbroufe. Pour ma part j’adhère à 100% à son travail et le plaisir en salles est le même que l’an passé avec Birdman. A aucun moment je n’ai ressenti de lassitude devant ce grand spectacle. Et si tout n’est pas nécessaire dans la mise en scène, pourquoi se priver de faire du beau tant que ce n’est pas au détriment du reste ?
Cela dit, il manque quand même ce petit quelque chose dans la trame de fond qui aurait pu faire du film un véritable chef-d’oeuvre. Le scénario est un peu sans surprise en restant une « simple » histoire de vengeance et les personnages évoluent finalement peu dans le fond comme la forme en 2h35.
Un mot sur les performances des acteurs. Le suspens n’est plus quand à la consécration de Leonardo Di Caprio. Il mérite sans doute son Oscar, ne serait-ce que pour l’ensemble de son oeuvre depuis Titanic. Toujours est-il que dans The Revenant, la prestation la plus marquante est pour moi plutôt du côté de Tom Hardy et il est un peu éclipsé de la promo malheureusement.
Anomalisa, réalisé par Duke Johnson et Charlie Kaufman
Là aussi un film pour lequel j’avais de grandes attentes pour 2016, étant un aficionado du travail de Charlie Kaufman. Globalement satisfait de cette séance, même si je m’attendais à quelque chose d’un peu plus barré.
Le scénario, plus subtil qu’il n’y parait, utilise intelligemment des symptômes du syndrome de Fregoli (qui donne ici son nom à l’hôtel dans lequel évoluent les personnages) pour nous évoquer d’autres thèmes sombres tels que la solitude voire la dépression.
Pas vraiment de quoi se marrer donc, même si dans sa première moitié, la meilleure d’ailleurs, le duo de metteurs en scène nous gratifie de scènes assez savoureuses comme celle du trajet en taxi. Puis à mesure que le film avance et que les maux de Michael Stone se font de plus en plus prégnants, le ton devient plus grave, presque gênant sur certaines scènes (volontairement). C’est d’ailleurs assez étrange de ressentir un sentiment de malaise devant de simples pantins, preuve qu’on les oublie finalement plutôt rapidement. Dommage que le propos stagne sur la fin. Le film tire un peu trop en longueur et aurait peut-être gagné à être écourté de quelques minutes. Je pense notamment à l’interminable et crue scène d’amour (n’emmenez pas vos enfants voir le film !) mais par extension à toute la partie « love story » qui m’a moins passionné.
Un mot tout de même sur la partie technique. Le stop motion est réellement bluffant et la performance mérite à elle seule le visionnage. Je n’ai pas souvenir d’avoir vu un tel niveau atteint dans le genre.
Creed, réalisé par Ryan Coogler
Contrairement aux deux films sus-cités, je n’avais pas vraiment d’attente envers Creed. J’aime la saga Rocky, mais voir une énième tentative de raviver une franchise à succès me laissait plutôt de marbre, surtout qu’on a un peu fait le tour de celle-ci. Du moins c’est ce que je pensais.
Le résultat me donne tort parce que j’ai passé un vrai bon moment devant le long métrage. La juste dose de nostalgie pour réveiller l’œil du tigre qui sommeille en nous, et le plaisir de retrouver le personnage de Rocky Balboa qui a accompagné mon enfance aident forcément.
Mais le plus intéressant est que, là où beaucoup de réalisateurs se seraient contenté de ce fan service, Ryan Coogler dépoussière intelligemment la saga. Son Creed n’est pas la copie conforme de Balboa, leurs intentions sont finalement assez opposées bien que les phases d’ascension montrent des similitudes.
Le metteur en scène effectue aussi un travail méticuleux sur la mise en scène, respectueuse de ses aînés tout en étant ancré dans notre époque avec ses références aux codes télévisuels que l’on connait bien. Sa façon de filmer les combats apporte aussi un vrai plus, bien que, s’il faut mettre un bémol, je n’ai pas été très sensible au combat de fin, trop caricatural même si les combats de la saga n’ont jamais eu pour ambition le réalisme.
Côté jeu d’acteur, si voir Stallone très à l’aise dans le rôle le plus marquant de sa carrière n’a rien d’étonnant (et lui donner l’Oscar aurait été un peu abusif dans le sens où ce n’est donc pas une véritable performance), Michael B. Jordan ne démérite pas et campe un Adonis auquel on s’attache rapidement.
Une belle réussite. Et on peut supposer que la machine est bien relancée.