[Live Review] YelaWolf @ le YOYO de Paris, le 09/11/2015 : Rock ‘n’ Hip Hop
17 novembre 2015
Il a donc mis du temps à revenir après cet enchaînement parisien rapide, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose puisque ces trois années lui ont permis, non seulement d’étoffer son panel de titres, mais aussi de largemen affiner son style.
S’il a toujours été plus qu’un rappeur, incorporant, avant même la mixtape Trunk Muzik qui l’a fait connaitre, des touches plus ou moins prononcées de Rock et Country à sa musique, il s’est définitivement lâché cette année sur l’album Love Story. Un sorte de coming out qui lui a permis de se lâcher totalement, de prendre encore plus de plaisir sur scène mais aussi de définitivement se démarquer d’Eminem auquel il est trop souvent comparé voire assimilé.
Si la métamorphose se voit sur scène, elle est tout aussi présente dans le public. En majorité amateur de Rock aujourd’hui, il est finalement très différent du public très Hip Hop que l’on retrouvait à ses concerts quatre années plus tôt. Ce qui a d’ailleurs semble-t-il un peu perdu les organisateurs qui avaient placé en première partie Sims, un grand classique des bons concerts, DJ à la technique incroyable et à la connaissance infinie du Hip Hop (chaque fois ses sets sont totalement différents, impressionnant), mais qui pour la première fois a peiné à faire bouger la foule avec son style trop rap pour les fans présents. Quelques huées bien imméritées ont même ponctué sa demi-heure. Dommage, mais je ne doute pas de le retrouver bientôt dans un contexte plus favorable. Toujours est-il que ce public assez injuste au départ donc, est devenue une vraie furie dès lors que YelaWolf et son groupe sont arrivés sur scène. Pendant pas loin d’1h45, il a remué, chanté, crié, « pogoté », nagé pardessus la foule sans s’arrêter, etc… Survolté est le mot qui convient le mieux.
Il faut dire que Yela semble s’être encore perfectionné sur scène. Il donne un vrai festival, une sorte de longue virée dans des montagnes russes entre élans effrénés toujours étonnants avec un flow que peu sont en mesure d’égaler et phases bien plus intimistes durant lesquelles il dévoile un filet de voix plus qu’agréable. Je ne connais personne d’autre aujourd’hui capable d’enchaîner avec autant de crédibilité et talent un couplet d’Ice Cube, des instants cover de grands classiques de Heavy Metal puis une ballade Country. Le grand écart est constant et rend le show d’autant plus surprenant et grisant.
Il est aussi toujours agréable d’avoir sur scène un artiste qui montre qu’il aime son public, lui parle et joue avec lui. Le hasard a d’ailleurs voulu que 9 novembre corresponde à l’anniversaire du guitariste de la tournée. L’occasion d’une bonne petite scénette improvisée en rappel avec un gâteau que personne n’aura l’occasion de goûter (« Fuck you too » Bones !).
Les titres de Love Story ont logiquement composé la majeure partie des titres présentés, mais Yela n’oublie pas ses fans de la première heure en jouant ses sons les plus connus avant cet album, et gardant tout de même deux titres du décrié album Radioactive qu’il parait vouloir un peu éclipser.
Histoire de dire que le tableau n’est pas totalement parfait, je dois quand même dire qu’il en manquait 2-3. Marijuana a toujours été un moment fort de ses prestations mais était absent au YOYO, de même que Daddy’s Lambo également issu de Trunk Muzik. Puis j’espère toujours au fond voir en live des titres encore plus anciens comme Back To Bama, mais ça parait assez illusoire dans la mesure où peu de personnes dans la salle doivent les connaître. C’était pourtant ici l’occasion ou jamais vu la couleur musicale très proche de l’ADN de Love Story.
Dernier regret à ce niveau, l’absence de l’émouvant Have A Great Flight, sûrement celui que j’ai le plus écouté cette année. Là encore, je savais toutefois qu’il ne la chantait à priori jamais en live. Ce n’est vraisemblablement pas une question de technique vu à quel point Devil In My Veins rendait bien, donc je suppose qu’il s’agit plus simplement d’un titre trop personnel pour être joué dans ce contexte.
Que dire de plus si ce n’est que je serai une nouvelle fois le premier à acheter ma place lorsqu’il reviendra nous voir. Et pour clore cette chronique, je me contenterai de lier à cette critique le post suivant de YelaWolf après le drame du Bataclan. Tout est dit.