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Marathon Star Wars pré-épisode VII, Chapitre 2 : La Guerre des Boutons d’acné

8 décembre 2015

L’Attaque des Clones est d’assez loin l’épisode que j’ai le moins vu de la Saga. Et par conséquent celui pour lequel mes souvenirs étaient les plus flous avant ce nouveau visionnage. La séance dépoussiérage s’imposait donc même si certaines scènes restent évidemment en mémoire. Comment par exemple oublier la courte mais intense scène où l’on découvre après tant d’années la maîtrise du sabre laser par Yoda ?

Premier constat visible dès le prologue et sa course poursuite dans la nuit flashy de Naboo, George Lucas franchit un cap dans l’utilisation du numérique puisqu’il est le premier, du moins à ce niveau de budget, à abandonner la pellicule. Ce n’est pas une surprise dans le sens où il a toujours essayé d’être à l’avant-garde des dernières technologies cinéma… Mais ce n’est ici pas une franche réussite. La Menace Fantôme utilisait déjà nombre de personnages créés de toute pièce et autres rajouts digitaux, mais savait conserver notamment dans ses décors une part organique appréciable pour ne pas dire importante. Cette fois tout sonne bien plus faux, des paysages jusqu’à certains droïdes qui paraissaient pour la plupart bien plus réels dans l’épisode précédent. Cela m’a franchement dérangé et empêché un temps d’entrer dans le film. Lorsque l’on compare à l’épisode III au résultats bien plus probants, je me dis que c’était peut-être juste trop tôt ou ambitieux pour l’époque. Mais il faut aussi bien que quelqu’un essuie les plâtres.
Il faut aussi souligner le progrès des modélisations en 3 ans. On le voit bien sur Jar-Jar notamment, mais le Gollum du Seigneur des Anneaux est passé par là entre temps et la comparaison n’est pas flatteuse pour ILM. On pourrait aussi faire l’analogie entre l’armée des clones et la multiplication des Neo dans la suite de Matrix. Dans les deux cas, l’effet a pris des rides, mais il n’y a rien de plus complexe que de reproduire les traits et les mouvements humain de façon naturelle.

L’autre grand axe de la première partie du film concerne la relation Anakin / Padmé. Et là aussi c’est à ranger dans les défauts du long métrage. Je comprends mieux d’ailleurs désormais pourquoi je revoyais moins cet épisode que les autres. George Lucas est un génie pour créer un univers, le développer et conter sa saga. Mais il est beaucoup moins doué lorsqu’il s’agit d’évoquer les sentiments et mettre en image des éléments plus intimistes. Sa vision de l’enfance d’Anakin avait déjà un côté caricatural, mais que dire de celle qu’il montre de son adolescence. Cet enchaînement de scènes toutes plus mièvres et dégoulinantes les unes que les autres. On se roule dans l’herbe, on fait joujou avec la force pour faire croquer un fruit à la sénatrice Amidala, on se fait des papouilles à tout va,… C’est assez horrible à voir. Tout comme les colères incessantes et souvent injustifiées du padawan. On a compris qu’Anakin est torturé, comme la plupart des jeunes de son âge en fait. Inutile de forcer autant le trait, il ne lui manque les boutons sur le visage. Surtout quand l’acteur choisi pour incarner le personnage peine autant à être crédible dans ces situations. Fort heureusement, il a progressé entre cet épisode et le suivant. Natalie Portman se démène pour sauver ces scènes, mais c’est compliqué et elle est globalement bien moins gâtée cette-fois.
Après plus d’une heure de film, c’était donc mal embarqué. Tel un Qui-Gon Jinn se faisant entendre depuis l’au-delà pour empêcher Anakin j’avais envie de crier devant ma télé “George… George… Nooooooo !!!”.

Il faut croire que lui aussi s’est rendu compte qu’il sombrait du côté obscur parce que passé cette mauvaise blague, le récit parvient enfin à prendre ses marques et la magie Star Wars fonctionne à nouveau. Non sans mal parce que le chemin reste semé d’embûches comme la phase “jeu de plateforme” dans l’usine qui n’apporte rien de vraiment intéressant. Mais l’efficacité refait surface avec le retour à Tatooine du jeune couple, l’enquête menant Obi-Wan sur Geonosis et la découverte du Comte Dooku, interprété par le toujours impeccable et désormais regretté Christopher Lee.
L’arc suivant le mentor d’Anakin reste d’ailleurs le plus agréable à suivre et permet à Ewan McGregor de s’affirmer comme l’un des véritables piliers de cette trilogie. Plus à son aise que dans le premier épisode, il campe un Obi-Wan pas loin d’être parfait. Et son périple nous permet de découvrir des contrées encore inconnues dans une galaxie qui n’a de cesse de s’étendre. Les nouvelles planètes s’avèrent d’ailleurs plutôt réussies et j’ai une affection particulière pour Kamino et ses habitants. Bref, plus le film avance, plus je retrouve l’univers que j’aime depuis mon plus jeune âge.

Et vient le climax de l’épisode : la grande bataille inaugurant la Guerre des Clones. Elle mérite bien plus ce nom que celle de La Menace Fantôme. Et même si là encore ce numérique encore trop bourgeonnant donne un aspect un peu trop factice aux événements, notamment si on la compare à la Bataille de Hoth dans l’Empire Contre-Attaque, l’ampleur donnée surpasse tout ce qui avait été vu dans Star Wars. On assiste un véritable festival pendant près d’une heure, tant au sol que dans les airs, le tout ponctué par un Yoda survolté et mis en boite par un George Lucas qui redevient soudain plus inspiré.
Difficile aussi de refréner un frisson lorsque les premières notes la Marche Impériale accompagnent le décollage des premiers Destroyers. J’en viendrais presque à oublier toute la frustration et l’énervement que la première partie du film m’a procuré. Du moins la pardonner.

Mais en restant un tant soit peu objectif, ce qui est toujours compliqué pour moi avec Star Wars et explique sans doute que je n’arrive à faire autrement que de mettre à L’Attaque des Clones une note au-dessus de la moyenne, il s’agit quand même là de l’épisode de la Saga le moins maîtrisé et réussi à ce jour. Si je devais le comparer à la Menace Fantôme, l’autre épisode décrié, je dirais que la première moitié est cette fois encore plus discutable, mais que la seconde apporte le piquant et le côté épique qui manquait lors du premier essai.
Le film souffre aussi de trop d’errements de la gestion bancale de son (anti)héros, de dialogues parfois convenus voire niais et plus généralement d’une écriture manquant de finesse. Il parait assez évident aujourd’hui que pour cet épisode largement consacré à son propos idyllique, Lucas aurait dû laisser la main à un metteur en scène plus apte à gérer ce genre de récit. La catastrophe a été évitée de justesse dans la dernière heure, mais ce n’est pas passé loin.


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