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Une Histoire de Sample Vol. 4 : François de Roubaix, source inépuisable

25 juin 2017

François de Roubaix, compositeur de génie tragiquement disparu à seulement 36 ans dans les années 70, figure aujourd’hui parmi les plus régulièrement citées par nombre d’artistes contemporains de tous bords. Logique donc de voir depuis 20 ans nombre de ses partitions régulièrement reprises et samplées, que ce soit dans la Pop, la musique électronique et surtout le Hip-Hop.
Le constat est tel qu’on a parfois l’impression que certains des morceaux s’en trouvent vraiment essorés jusqu’à la moelle, notamment le thème composé pour le film Dernier Domicile Connu qui est réutilisé quasiment chaque année avec plus ou moins de bonheur. Commençons donc ce petit tour d’horizon par ce cas précis.

Nul doute qu’à l’écoute du morceau ci-dessus il y a au moins un tube qui vous reviendra à l’esprit, et c’est bien normal puisque les sites spécialisés dénombrent aujourd’hui plus d’une vingtaine de titres en reprenant diverses parts.

Le rap français est le premier à se pencher sur la question durant la seconde moitié des années 90 par l’intermédiaire en premier lieu via un morceau de Mysta D., Cassidy et Pit Baccardi mais c’est quelques mois plus tard que le grand public aura droit à un premier gros tube par DJ Khéops (membre d’IAM et fondateur du label Sad Hill) et Def Bond. Le titre parodiant les aventures de 007 et son clip passent alors en boucle dans les médias.

Mais la popularité de la discographie de François de Roubaix est loin de rester bloquée sur nos frontières et en 1999, c’est rien de moins que Timbaland qui offre à Missy Elliott qui sort un de ses plus grands succès : « All N’ My Grill« , en duo avec la moitié d’Outkast Big Boi initialement, suppléé par MC Solaar chez nous pour un couplet que je connaîtrai toujours par cœur.

Un an à peine plus tard, mais après déjà quelques nouvelles tentatives de samples, un nouveau grand hit mondial avec le jeune Lil’ Bow Wow, soutenu par Snoop Dogg et produit ici par Jermaine Dupri.

Et si l’an 2000, d’autres rappeurs tels que KRS-One se sont frottés à l’inépuisable source de beat qu’est Dernier Domicile Connu, c’est pourtant cette même année du côté de la pop qu’un autre grand classique fait son apparition. Robbie Williams sort le titre « Suprême » et son très joli clip entrecoupé d’images d’archives autour du pilote Jackie Stewart.

On arrive alors probablement un peu à l’overdose et même si quelques autres producteurs eurent l’ambition de reprendre le titre, il faut attendre la fin de la dernière décennie pour retrouver des titres un peu plus majeurs. Cette fois, le sample se fait toutefois plus subtil.

En 2009, KiD CuDI dégaine la piste Mr. Rager qui reprend les toutes premières secondes de l’introduction. Kendrick Lamar fera de même peu de temps après. Lana Del Rey fera aussi référence à « Dernier Domicile Connu » sur son premier album dans le morceau « Off To The Races » dans une utilisation bien plus triturée.

L’inspiration semble donc assez infinie ici, mais c’est évidemment loin d’être le seul titre de François de Roubaix réutilisé à outrance.

« Les Dunes d’Ostende » est un autre cas d’école.

Il fut étrangement repris à deux reprises par Lil Wayne, dans un premier temps sur une mixtape de 2007 avec « Outstanding«  et quelques temps plus tard sur Tha Carter IV avec le titre « President Carter« .
Un peu plus récemment, Joke figurent parmi la grosse vingtaine d’artistes à rapper sur ces quelques belles notes de piano tandis que A$ap Ferg préférait lui son final plus synthétique.

La richesse, la complexité et l’hétérogénéité de l’oeuvre de François de Roubaix en fait une source quasi intarissable et son ombre devrait encore planer pour quelques décennies sur l’industrie musicale. Je ne vais pas en citer plus et vous laisser fouiller internet pour découvrir plein d’autres morceaux sympa (un indice : Roc Marciano, Infamous Mobb, Ol’ Dirty Bastard, Davodka ou encore Jedi Mind Tricks sont autant de pistes à suivre).

Et si vous souhaitez en découvrir plus sur celui qui a composé les indémodables thèmes du Samouraï (un de mes films favoris), Le Vieux Fusil, La Scoumoune mais aussi des travaux pour la télévisions plus étonnant comme le générique enfantin de Chapi-Chapo, je ne saurais trop vous conseiller le visionnage du documentaire qui suit, retraçant sa carrière et la vision d’artistes qui s’en inspirent de façon plus ou moins explicite dans leur musique aujourd’hui (Sébastien Tellier et Emilie Simon notamment)


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