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[Chronique Album] When It’s Dark Out, de G-Eazy : de l’obscurité à la lumière

13 décembre 2015

Il y a environs un an et demi, après une longue série de mixtapes dont je ne garde que de vagues souvenirs et après avoir fait la première partie de quelques stars du rap game américain (Drake, Lil Wayne ou encore Snoop Dogg), je découvrais véritablement G-Eazy avec These Things Happen, album porté par le très bon single I Mean It, Tumblr Girls et au sein duquel je tombais amoureux du titre Downtown Love, au point d’être certain d’avoir trouvé la future star du « rap de blanc » (terme péjoratif s’il en est mais que j’utilise ici plutôt dans le sens d’un rap influencé par des styles et une musicalité souvent un peu décalée vis à vis de la majeure partie des sorties Hip Hop). Si l’album a en quelque sorte trouvé son public avec 250 000 éditions écoulées, le succès ne fut pas totalement à la hauteur de mes attentes.

Pourtant l’effet « bombe à retardement » pourrait fonctionner avec G-Eazy comme je l’avais vu venir avec Macklemore & Ryan Lewis il y a trois ans, mais pas tout à fait de la même façon puisque si ces derniers avaient dû attendre près d’un an pour que The Heist obtienne brusquement son succès planétaire, c’est le second album du natif d’Oakland intitulé When It’s Dark Out qui semble parti pour lui offrir le succès chiffré qu’il mérite, porté par la fan base amenée par son prédécesseur et une tournée mondiale où sa performance fut bonne, du moins pour celle que j’ai vu à Paris. Cela se fera dans une proportion moindre évidemment, mais disons qu’il semble bien parti pour pouvoir au moins doubler ses ventes. Les choix de singles seront décisifs ensuite.

A la fois rappeur et producteur, G-Eazy s’est rapidement bâti son petit univers, quelque part entre un Eminem post-Relapse, pas le meilleur certes, et un Kanye West époque Graduation (la prod de Downtown Love sur son premier album est ouvertement inspirée de Flashing Lights). Le single Me, Myself & I me fait d’ailleurs furieusement penser à ce que pourrait être un titre de Slim Shady aujourd’hui et ce n’est sans doute pas un hasard s’il tire l’album vers le haut des charts américain. Pas le meilleur des 17 titres qui composent l’album loin de là, mais il s’avère furieusement efficace, avec son refrain entêtant et un clip à la hauteur pour faire de la vue sur Youtube. Un single mainstream parfait pour notre époque.

D’autres titres sont toutefois bien plus remarquables à mon sens : Random qui suit la piste d’introduction nous met directement dans l’ambiance (très proche, pour ne pas dire identique à celle du premier album). One Of Them, titre sur lequel est invité Big Sean avec qui G-Eazy a tourné en Europe cette année (on peut supputer qu’il a été enregistré durant cette période), jouit d’un beat qui fait bouger la tête dès les premières secondes. Nothing To Me, en fin d’album, et sa ritournelle au piano est fort agréable aussi. Mais la palme revient à la collaboration avec le vétéran Too $hort : Of All Things sample astucieusement le Gypsy Woman qui ambiançait le début de nos années 90. Autre sample réussi, celui du génial Frontier Psychiatrist de The Avalanches (sample de samples donc) sur Don’t Let Me Go, même si le refrain me convainc moins.

Comme souvent dans ce type d’albums un peu plus tourné « commercial », je suis moins convaincu par la deuxième moitié, bien qu’elle reste dans le ton et largement acceptable. Sauf peut-être les deux ou trois sons à tendance un peu trop R’n’B’ pour moi. Celui avec Chris Brown par exemple, mais je fais de toute façon un rejet total sur lui depuis toujours et je ne doute pas que le single pourrait fonctionner.

G-Eazy semble en tout cas avoir positionné le curseur assez idéalement entre respect de ce qu’il a pu offrir à un public qui le suit depuis au moins These Things Happen et tentative d’aller puiser plus large. Je garde une légère préférence pour le précédent après une petite semaine d’écoute, mais on reste dans une suite logique, cohérente et les deux LP devraient plutôt bien vieillir.


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