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Marathon Star Wars pre-épisode VII, Chapitre 3 : La Revanche de George

12 décembre 2015

Après deux épisodes largement décriés, George Lucas n’avait cette fois plus le droit à l’erreur avec un épisode 3 qui se devait à la fois de réparer celles du passé tout en liant définitivement deux trilogies que plus de vingt ans séparent.

Dès la première séquence du film, il sort donc l’artillerie lourde avec ce plan séquence numérique virevoltant qui me scotche à mon canapé aujourd’hui comme il me collait à mon siège en salle à l’époque. Quelque part, cette première demi-heure d’ailleurs est finalement une sorte de best-of de la saga. Combats spatiaux, sabres lasers, humour typique, un chancelier de plus en plus visiblement absolutiste et décors évoquant de plus en plus la trilogie originelle. Tout est fait pour plaire aux fans et le résultat s’avère franchement jouissif.
Cette introduction est également l’occasion de présenter l’une des bonnes idées du film. Le toussotant voire asthmatique Général Grievous, prémice d’un Darth Vader avec son armure lui permettant probablement de survivre. Là où Lucas a finalement peu réussi à créer un nouveau bestiaire marquant sur l’ensemble de la prélogie, ce personnage aussi pathétique que dangereux, en fait indéniablement partie malgré sa courte durée de vie.

Une fois revenu dans le calme de Naboo, mas pas pour bien longtemps, un autre constat saute aux yeux vis à vis de l’Attaque des Clones. Si ce dernier essuyait les plâtres de l’abandon de la pellicule, le rendu visuel est cette fois bien plus probant. Rien que les plans d’ensemble de ces buildings sont bien plus fins et font moins toc. Si la perfection n’est pas encore atteinte sur certaines animations, par exemple pendant le combat face à un Comte Dooku souvent doublé numériquement, et quelques décors, les FX s’avèrent largement supérieurs à ce que Lucas nous avait montré en 2002.

Arrive rapidement un des moments forts du film : la scène de l’Opéra. Un échange lourd de sens entre le Chancelier et Anakin, dans lequel Palpatine démontre à la fois sa puissance théâtrale (le contexte n’est certainement pas choisi par hasard), ses talents de manipulations et sa malice. En contant l’histoire de Darth Plagueis “le sage”, il gomme en partie les nombreuses maladresses et grossièretés d’écriture de la Prélogie. L’ensemble du film est d’ailleurs à ce sujet de bien meilleure facture que ses deux prédécesseurs, même s’il n’évite pas certaines facilités et en fait parfois un peu trop. La niaiserie nous est le plus souvent épargné.

Ian Mc Diarmid cabotine au maximum dans son rôle, mais c’est clairement ce qu’on lui demande. Le personnage est extrémiste, jusque dans sa manière de parler et dans sa gestuelle. A ses côtés pendant de nombreuses scènes, Hayden Christensen conserve quelques mimiques à la limite du supportable comme son célèbre froncement de sourcils mais, même s’il n’est pas et ne sera jamais très bon acteur, il se montre cette fois plus convaincant et offre le minimum nécessaire pour que son personnage fonctionne et que l’on ait envie de croire à son basculement, pourtant un peu brutal, du mauvais côté de la balance.
Côté casting, la palme revient tout de même de loin à Ewan McGregor qui semble prendre un véritable plaisir dans son rôle, le regard rieur, débitant d’ailleurs régulièrement les répliques les plus drôles, et dans l’ensemble vraiment attachant. Qui plus est le rapprochement avec sa version vieillie de l’épisode IV parait de plus en plus évidente à mesure que le film avance. Quand à Natalie Portman, il est dommage qu’elle ne serve ici une fois de plus que de faire-valoir. Son rôle de trait d’union entre les deux sagas, puisqu’elle enfante tout de même les futurs héros, reste trop en retrait pour bénéficier de son talent.

Alors que la galaxie sombre peu à peu dans l’obscurité la plus totale, George Lucas nous offre une nouvelle scène amenée à devenir mythique dans la Saga avec l’Ordre 66. Quand bien même la plupart des Jedis qui y meurent ne sont finalement que des figurants de la trilogie, au mieux entrevus au Conseil Jedi, elle n’en est pas moins forte, dure même lorsque Anakin s’apprête à massacrer les novices. le tout assisté d’un thème musical dont seul John Williams a le secret.
L’occasion d’évoquer l’OST du film. Un peu en retrait dans l’épisode II, Williams revient ici avec une partition particulièrement inspirée, mêlant thèmes classiques et originaux franchement réussis. Certains figurent même pour moi parmi les meilleurs que le compositeur a produit pour Star Wars. A l’image du Duel Of The Fates que l’on retrouve une nouvelle fois, Battle Of The Heroes et Anakin’s Betrayal se taillent une place de choix dans mes playlists de la saga. Nul doute qu’il fera encore les belles heures des films à venir.

Le film ne perdant jamais de temps durant ses 2h20, Lucas nous laisse à peine l’occasion de savourer le clin d’œil Chewbacca (un des rares persos qui traversera donc les 3 trilogies sur le point d’exister) et de voir à nouveau Yoda user de son sabre, que nous voilà déjà sur Mustafar, planète en fusion qui verra définitivement disparaître Anakin sous sa forme la plus humaine. Si elle n’est pas la planète la plus intéressante de la saga ni un cadre de combat terrestre vraiment crédible, elle reste une toile de fond impressionnante pour le duel final opposant Obi-Wan à son apprenti. Et même si nous aurons vu grandir un Anakin plus irritant qu’attachant durant trois films, sa “mort” par les flammes n’en est pas moins rude et touchante. On sait que le bonhomme n’a pas un mauvais fond et s’avère plus influençable qu’autre chose, dans un sens comme l’autre d’ailleurs. La scène est précédée d’un combat de haute volée, une chorégraphie quasi sans faille (seule la partie en équilibre sur les droïdes au-dessus de la lave me parait dispensable), vive, épique… Elle joue adroitement sur l’idée que les deux hommes se connaissent parfaitement et combattent finalement de façon assez similaire. Seule l’expérience fera défaut à Vader pour cette fois.
Et que dire de l’incroyable affrontement entre le désormais Empereur Palpatine et Yoda qui nous est donné en parallèle. Deux mythes à l’écran, et deux derrière la caméra (ou les ordinateurs) puisque Steven Spielberg vient amicalement prêter main forte à George Lucas pour cette scène. On en vient d’ailleurs un peu à regretter qu’un des épisodes au moins ne lui ait pas été entièrement confié. L’Attaque des Clones par exemple aurait pu prendre une toute autre ampleur sous sa direction.

L’action arrivée à son terme, un plan inoubliable reste encore à découvrir alors que la boucle se referme pas à pas. Voir ce casque noir approcher de l’écran, comme si nous étions également dans le costume de Darth Vader puis subir ce court et pourtant interminable silence avant qu’enfin le frisson du premier souffle n’intervienne. De quoi avoir le sien coupé !

Les derniers instant s’attachent logiquement à faire le lien avec l’épisode IV. Montrer la puissance de l’Empire tout en dévoilant la tactique de Yoda et les prémices de la rebellion pour connaître peut-être dans le futur un nouvel espoir.

Chapeau à George Lucas qui a su garder le navire, ou plutôt le paquebot, à flot alors que la tempête faisait rage. Rythmé, beau, émouvant, épique, divertissant,… La Revanche des Sith est pour moi un des meilleurs épisodes de Star Wars, le seul de la prélogie en mesure de surpasser un des trois premiers sortis (Le Retour du Jedi pour ne pas le citer). Ce ne fut pas sans douleur, mais Lucas peut désormais laisser filer son bébé vers d’autres cieux qui, je l’espère, seront à la hauteur.


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